Selon certaines sources, près de 40 % de la population de Québec aurait des origines irlandaises.

S’il est à peu près impossible de confirmer ce pourcentage, il est certain que les liens entre la ville et sa population d’origine irlandaise sont étroits, profonds et solidement enracinés.

À découvrir - Les capsules historiques de Simon Jolivet, Historien, Ph.D.

  • Grosse-Île

    Grosse-Île est le plus grand cimetière de masse d’Irlandais sur la planète, à l’extérieur de l’Irlande elle-même. Pendant la Grande Famine de l’Irlande (1845-1850), c’est la plus importante station de quarantaine de toute l’Amérique! En 1847, elle accueille près de 100 000 Irlandais en détresse, alors que la Ville de Québec ne compte pas plus de 35 000 habitants! Plus de 5 500 Irlandais sont enterrés à Grosse-Île. Plusieurs prêtres catholiques et anglicans de Québec y meurent également en prodiguant soins et prières aux réfugiés de la Grande Famine.

  • Précurseurs du syndicalisme

    Saviez-vous que les Irlandais catholiques ont été les précurseurs du syndicalisme au Canada? Au milieu du 19e siècle, ils fondent la Quebec Ship Labourers' Benevolent Society. Ils réussissent à limiter la journée de travail des débardeurs du Port de Québec à 8 heures et négocient de meilleurs salaires auprès des patrons protestants. Tout cela près de 100 ans avant l’existence de l’assurance-emploi et des pensions de vieillesse! Chose importante, ils intègreront aussi des ouvriers canadiens-français à leur syndicat, qui sera une force ouvrière pendant plus de 100 ans à Québec!

  • Lord Dufferin (Frederick Temple Hamilton-Temple-Blackwood)

    Lord Dufferin (Frederick Temple Hamilton-Temple-Blackwood) est gouverneur-général du Canada entre 1872 et 1878. Riche propriétaire foncier de l’Ulster (l’actuelle Irlande du Nord), ce noble anglo-irlandais a une affection marquée pour le Québec. C’est grâce à son intervention que les fortifications de Québec sont sauvées du pic des architectes dits «modernes», qu’il qualifie lui-même de vandales. Il obtient des subventions de la Reine Victoria pour sauver le patrimoine bâti du Vieux-Québec. La célèbre terrasse Dufferin, certainement l’un des endroits les plus fréquentés de la Vieille Capitale, est nommée en l’honneur de cet Irlandais protestant.

  • Charles Gavan «Chubby» Power

    Sa carrière est tout à fait impressionnante! Né à Sillery en 1888, cet Irlandais de Québec marque 44 buts en 23 matchs pour le club de hockey des Bulldogs de Québec en 1908. Devenu soldat volontaire, il est blessé gravement durant la Première Guerre. Revenu au pays, il est élu député fédéral du comté «irlandais» de Québec-Sud et sera nommé ministre à plusieurs reprises. Chubby Power est remarquable : fédéraliste canadien, il a toujours prôné l’indépendance de l’Irlande face à l’Empire britannique et s’est vivement opposé à la conscription en 1944, en remettant même sa démission à son vieil ami, le premier ministre libéral fédéral Mackenzie King. Son père William fut aussi député à Québec, ainsi que son fils et son petit-fils, Lawrence Cannon, député et ministre dans le gouvernement de Stephen Harper.

  • Langues officielles

    L’Irlande a deux langues officielles : le gaélique irlandais (héritage celtique) et la langue anglaise (héritage britannique). Le gaélique n’a jamais été beaucoup parlé au Québec. Les immigrants d’Irlande parlaient déjà majoritairement la langue du conquérant en arrivant ici. Il arrive toutefois que des gens décident de parler gaélique à Québec. En octobre 1920, les Québécois d’origine irlandaise se réunissent en l’honneur du maire de Cork, Terence MacSwiney, décédé après une longue grève de la faim de 74 jours dans une prison anglaise. À l’église St-Patrick, on se met à genoux et on récite des prières en gaélique pour le repos de l'âme de MacSwiney, une séance très impressionnante selon les journalistes présents !

  • L'influence irlandaise

    De 1815 à 1930, les Irlandais ont formé la 2e plus importante communauté ethno-culturelle du Québec, derrière seulement les Canadiens français. Pas étonnant que le territoire québécois soit parsemé de noms irlandais. Les villages de Mayo en Outaouais, Kildare dans Lanaudière, Saint-Malachie dans Bellechasse, Armagh ou St-Patrice-de-Beaurivage sur la rive-sud de Québec en témoignent. Mais l’exemple le plus frappant de la présence d’Irlandais se trouve à Shannon, en banlieue de Québec. Ce haut-lieu de la danse traditionnelle irlandaise au Québec rappelle une célèbre rivière de l’Ouest de l’Irlande. Quiconque visite Shannon verra la présence irlandaise dans les noms de rue : St-Patrick, Cannon, Conway, Carlow, Cork, Dublin, Galway, Kerry, Kildare, Kilkenny, Tyrone, Wexford… Qui dit mieux pour sentir l’effet de l’Irlande au Québec !

  • Les Chevaliers de Colomb

    Saviez-vous que les Chevaliers de Colomb et les Filles d’Isabelle sont des créations irlando-américaines ? Les premiers groupes de Chevaliers de Colomb qui s’établissent au Québec sont tous irlandais d’origine, que ce soit à Montréal, Trois-Rivières ou Québec. Leur poignée de main secrète, leurs rituels, mais aussi la surveillance prévenante du prêtre-aumônier catholique, remontent aux origines des groupes secrets d’Irlande qui tentaient de propager la bonne nouvelle contre l’influence «impie» anglo-saxonne. Les Chevaliers de Colomb au Québec, ce sont d’abord les « Knights of Columbus» !

  • Les premiers immigrants irlandais du Canada

    C’est à Québec que s’installent les premiers immigrants irlandais du Canada ! 1 000 Irlandais vivent à Québec dès 1810. Ce chiffre augmente avec l’arrivée de réfugiés irlandais pendant la crise du Choléra (1832) et surtout de la Grande Famine (1845-1850). En 1870, 51% de toute la population anglophone de la Vieille Capitale est d’origine irlandaise. Aujourd’hui, le Quartier du Petit Champlain est l’un des endroits les plus touristiques de la Vieille Capitale. De 1820 à 1930, c’était pourtant le quartier où se concentrait la plus majorité irlandaise de la ville. Au pied du Cap Diamant, l’endroit a toutefois mauvaise réputation. La pauvreté, les conditions ouvrières difficiles et les éboulis fréquents rendent le quotidien laborieux pour les familles qui logent sur la « Little Champlain Street », comme on l'appelle alors ! Jusque dans les années 1920, la rue est encore recouverte de planches de bois, alors que les rues autour sont déjà pavées…

  • Sillery

    Les Irlandais les mieux nantis déménagent du quartier Champlain vers Sillery à la fin du 19e siècle, en longeant le fleuve et en trouvant des emplois dans les usines et sur les bateaux. Mais la francisation du quartier a beaucoup changé le visage de Sillery. Fils d’immigrants irlandais, Alexandre-Eustache Maguire est le curé de la Paroisse St-Colomba de Sillery de 1894 jusqu’à 1934 ! En organisant des corvées, il initie les travaux pour construire l’une des avenues les plus remarquées de Québec : l’avenue Maguire. Signe de l’intégration des Irlandais, on l’appelle souvent aujourd’hui l’avenue « Magoire » ! La paroisse St-Colomba, fondée en 1854, a quant à elle été renommée St-Michel-de-Sillery en 1969. Dans l’important cimetière de Sillery, on peut se recueillir devant de nombreuses tombes aux noms irlandais & celles aussi de personnages célèbres de la vie québécoise, dont le curé Maguire… et René Lévesque !

  • Les Irlandais dans la police de Québec

    Saviez-vous que les Irlandais étaient très nombreux dans la police de Québec ? À l’instar de plusieurs villes nord-américaines, les Irlandais étaient surreprésentés dans les forces de l’ordre. En 1840, même si 60% de la population de Québec est francophone, les Irlandais forment 81% des effectifs de la police ! Plusieurs sont des protestants irlandais, dont le premier chefs de police Robert-Henry Russell (1838-1858), ou encore William King McCord (1847-1852). Ce n’est pas tant pour éviter des affrontements entre francophones et anglophones qu’ils sont embauchés, mais davantage pour réprimer les écarts de conduite dans les quartiers moins fortunés, près du fleuve, qui accueillent son lot de marins, soldats et gens de passage. Les policiers irlandais parlent anglais et sont alors bien placés pour calmer les ardeurs des soldats, ouvriers, débardeurs ou marins anglophones, qu’ils soient d’ailleurs Irlandais, Écossais ou Anglais ! Aussi, comme le régime colonial britannique supervise l'ordre public, il n'est pas surprenant d'y voir d'abord des anglophones embauchés après les rébellions de 1837-1838.

Établissement

À cette époque, les Irlandais trouvent du travail dans les anses à bois de la région de Québec, souvent au chargement des navires qui partent vers la Grande-Bretagne.

Ils s’établissent dans le secteur du Cap Diamant, Prés-de-Ville, les faubourgs Saint-Jean et Saint-Louis, à Beauport, à Cap-Rouge et surtout à Sillery, où ils forment la majorité de la population en 1861. 

Les Irlandais de Québec participent pleinement au développement de la ville. Avec le temps, on les retrouve dans les commerces, les syndicats, la presse, les professions libérales, le monde des affaires, la politique, les activités sportives ou culturelles. 

Les mariages sont par ailleurs nombreux avec la population locale : un métissage qui modifie profondément la composition sociale de la ville. Aujourd’hui, bien des Québécois ont des origines irlandaises, souvent cachées sous des patronymes français.

Oui, il va sans dire que l’apport de la communauté irlandaise à la culture québécoise est significatif.

Ainsi, la Saint-Patrick à Québec est une belle occasion pour célébrer ensemble cette amitié de longue date!

Le saviez-vous? Voici quelques faits sur les irlandais dans le monde et au Québec

  • Que le trèfle est le symbole irlandais le plus souvent associé aux festivités de la Saint-Patrick dans le monde?

    Selon la légende, Saint-Patrick l’utilisa comme image pour convertir le peuple irlandais au christianisme, illustrant à la fois le Père, le Fils et le Saint-Esprit, séparés, mais ne faisant qu’un.

  • Que plusieurs familles d’origine française ont adopté des orphelins irlandais en 1847?

    L’Irlande a d’ailleurs offert en cadeau une croix celtique à la ville de Québec en 2000, en reconnaissance de la solidarité et de l’accueil dont ses habitants ont fait preuve à son égard à l’époque de la Grande Famine en Irlande.